Chronique·fantastique·roman

LIVRE – WIDJIGO de Estelle Faye

Titre : Widjigo
Auteur : Estelle Faye
Editions : Albin Michel Imaginaire

Année : 2021
Nombre de pages : 249 pages
Genre : Fantastique

Lu en Octobre 2023

Pitch (livraddict) : En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoy‘é avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer.
Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. À l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire.
Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres…

MON AVIS

Une belle lecture avec laquelle je découvre Estelle Faye. Un beau roman dans une ambiance pesante, humide, horrifique, à la lisière du fantastique qui revient sur le Wendigo (Widjigo) la figure monstrueuse de la mythologique native – amérindienne incarnant la faim abyssale, la mort et l’anthropophagie.

J’ai frissonné en compagnie des personnages, dévoré le roman jusqu’à son dénouement auquel je ne m’attendais pas.

Cela dit, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages autant que je l’aurais voulu, et j’ai trouvé ça dommage que l’aspect fantastique n’arrive qu’à la toute fin


LA CHRONIQUE PLUS EN DÉTAILS

Contexte de lecture :

J’ai découvert et acheté ce livre aux Imaginales 2021, lorsqu’elles se sont tenus en octobre. C’était la toute dernière parution d’Estelle Faye, autrice de SFFF française dont je n’avais encore rien lu mais que je tiens en haute estime de par ses interventions toujours pertinentes aux Imaginales, l’excellent podcast Procrastination auquel elle participe, et tout simplement la sympathie qu’elle m’inspire de manière générale.

J’ai donc acheté ce roman à ce moment-là sans avoir de dédicace à cause d’enchaînement de conférences et d’un mauvais timing.

Grâce à ce roman, j’ai redécouvert le plaisir simple de lire une après-midi entière blottie sous un plaid accompagnée d’un bon thé chaud, chose que je n’avais pas fait depuis des années.

Rien que pour ça, merci !

L’univers :

L’histoire se déroule au XVIIIe siècle sur deux timelines : en Bretagne en 1794, après la révolution française d’un côté, et dans les forêts sauvages de Terre-Neuve en 1754 de l’autre, sur lesquelles plane la menace d’une nature hostile mais surtout celle d’un wendigo, créature surnaturelle d’origine algonquine qui incarne la faim insatiable, la mort et le cannibalisme.

C’est donc un récit horrifique, sur le fil du fantastique qui nous jette avec les personnages dans les forêts isolées et inhospitalières canadiennes où le danger se cache derrière chaque sapin, chaque tourbière, sous la pluie incessante et la neige qui gèle les membres.

Le Wendigo est une créature qui m’intrigue, que je connaissais déjà par mon intérêt pour les Premières Nations et leurs cultures et que l’on voit notamment dans certaines séries fantastiques comme le 2e épisode de la 1ere saison de Supernatural, et dans la série Grimm également. Le wendigo est aussi le nom donné à Lecter dans la série Hannibal.

Les personnages :

Tout le roman se passe en huis-clos, dans les 2 timelines : d’un côté le vieux Justinien de Salers, noble breton condamné à monter sur l’échafaud, qui raconte son histoire au jeune sergent de la toute nouvelle République venu l’arrêter pour le conduire à la guillotine. De l’autre, nous avons le récit de Justinien, le mettant en scène avec ses compagnons de fortune suite à un naufrage sur une plage canadienne.

Entre la sang-mêlé débrouillarde mais mystérieuse, le jeune nobliau qui a un problème avec la boisson, le botaniste aux lunettes aux verres fumés, l’adolescent traumatisé par une expédition dont il est ressorti seul survivant, le tunique rouge antipathique, l’austère pasteur et sa fille énigmatique, le marin flamand et le trappeur, on peut dire que le courant ne passe pas très bien. Tout le monde se méfie de tout le monde, surtout lorsque les morts commencent à s’accumuler.

Les relations entre les personnages se dévoilent au fur et à mesure, et l’on découvre petit à petit les démons et les secrets que chacun cache aux autres (au lecteurice aussi) et se cache surtout à lui-même.

On se demande tout du long de qui vient le danger, derrière qui se cache la bête, si bête il y a. Ou est-ce simplement des règlements de comptes opportunistes entre des gens qui ne s’entendent pas dans une nature hostile ?

Cela dit, j’ai trouvé difficile de m’attacher vraiment aux personnages. Je ne sais pas ce qu’il m’a manqué.

L’intrigue :

J’ai commencé le roman en me disant que je sentais une petite vibe de Notre-Dame des Loups d’Adrien Tomas, mais au final, ce n’est pas tout à fait ça. C’est un récit de survivants perdus dans une nature hostile cherchant à retourner à la civilisation. Il y a des morts qui s’enchaînent, le groupe réduit comme peau de chagrin et on a de cesse à se demander qui est derrière tout ça, et qui cache quoi. Est-ce humain ? Est-ce autre chose ? Le mystère nous tient en haleine et accélère et se dévoile surtout sur la fin.

Le ton / le style :

Je découvrais le style d’Estelle Faye dans ce roman et je ne suis pas déçue. Elle parvient à nous glisser dans une ambiance pesante, qui colle aux pores comme une averse désagréable, avec des descriptions imagées et immersives, des dialogues toujours percutants. J’ai même découvert de nouveaux mots qui vont aller enrichir mon dictionnaire 🙂


ET EN CONCLUSION ?

On aime :

L’atmosphère pesante, la plume de l’autrice, le thème du wendigo, le dénouement inattendu et fort.

On regrette :

Les personnages auxquels j’ai eu du mal à m’attacher, que tout s’accélère uniquement à la fin (j’aurais peut-être préféré que le fantastique soit plus distillé et plus présent tout au long du roman)

Conclusion : 

Je pense que ce livre ne correspondait pas exactement à ce que j’en attendais, ce qui explique sans doute ma petite déception. J’ai néanmoins passé un bon moment de lecture en sa compagnie.

MA NOTE :

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